Sur Lumumba : informations complémentaires
Je tire mon chapeau à "Là-bas si j'y suis" pour son enquête sur Patrice Lumumba, à l’heure où la Tunisie s’est soulevée contre son dictateur (pourtant ami des dirigeants français) et où certains pensent qu’il ne se passe jamais rien d’émancipateur sur le continent africain.
Le reportage filmé dont l'émission s'inspire largement, "Mord in Kolonialstil" (Une mort de style colonial), réalisé par Thomas Giefer en 2000 (disponible depuis 2001 en français) et diffusé antérieurement sur Arte, est encore visible sur le site du Monde.
Le titre français est "Une mort de style colonial : l'assassinat de Patrice Lumumba" :
Bizarrement j'ai trouvé sur le net un autre film quasiment similaire, du même réalisateur, mais plus court de 20 mn.
Bien que ne comprenant pas les raisons de cette énigme, je donne aussi le lien vers cette version plus courte du film, intitulée quant à elle "Patrice Lumumba : une tragédie africaine" de Thomas Giefer :
1ere partie
2e partie
J’ai été très choqué par la scène de ce vieux colonialiste belge qui se vante d’avoir gardé en trophée deux dents en or de Lumumba. La réaction de la fille du leader africain m’a fait réfléchir. Elle fait un parallèle entre ce que cette image lui inspire à elle, noire et issue d'un peuple colonisé, et comment la majorité des Européens voient aujourd’hui ce que les nazis ont fait aux Juifs. Je me suis rappelé de la "Chienne de Buchenwald", cette nazie qui gardait comme trophées les plus beaux tatouages découpés sur les cadavres des victimes du camp. Si on a à l’esprit que ce vieux Belge colonialiste a dans les mains les dents d’un rebelle noir qu’il a contribué à faire disparaître, c’est vrai qu’il y a quelque chose de comparable. Cette même conviction de l'existence d'une hiérarchie dans l'espèce humaine, certains étant supérieurs aux autres et faits pour dominer.
Une partie de ceux qui nous gouvernent sont hélas aussi convaincus de cette hiérarchie naturelle (position défendue ouvertement dans les années 70 par le Figaro Magazine, ainsi que la criminalisation des combats pour l’égalité, les assauts contre le service public, la présentation des fonctionnaires comme des privilégiés...). Intéressant de constater comme aujourd’hui ces valeurs sont devenues banales et le projet de leur application une dure réalité.
Du coup je trouve assez logique que les partisans de l’ordre établi (à la vision du monde assez réduite) traitent leurs adversaires de "communistes" (Mermet et ses journalistes dans les messages du répondeur de l'émission, Lumumba à son époque...). Car après tout, quelle insulte peut être pire que "communiste" (au sens originel de quelqu'un qui remet en question les privilèges matériels et la suprématie d'une minorité) dans la bouche de ceux qui possèdent ?
Si en ce moment les idées d’égalité et de solidarité sont affaiblies dans la vieille Europe je souhaite de tout cœur les revoir assez tôt au goût du jour à grande échelle.
Je tire mon chapeau à "Là-bas si j’y suis" et au Monde Diplomatique de contribuer à aider à mieux comprendre le passé et le présent.
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Pour prolonger l'exploration du sujet, voici le film tourné en 2000 par Raoul Peck :